Dr. Clément Goehrs, Co-Fondateur et CEO de Synapse Medicine, nous présente en détail le Medication Shield, une technologie issue d’une collaboration public/privé intelligente qui facilite la gestion des déclarations des effets indésirables par les équipes de pharmacovigilance.
Le Medication Shield en trois mots :
Sécurité : parce qu’elle permet la protection collective pour renforcer la protection individuelle.
Réactivité : parce qu’il est crucial aujourd’hui d’agir rapidement dans la gestion des risques en pharmacovigilance.
Coopération : parce que la collaboration entre public et privé est essentielle pour répondre au mieux aux problématiques de santé publique. Chacune des parties apporte ses expertises au service de la collectivité.
L’identification d’un besoin au sein des circuits de pharmacovigilance
Avant même de commercialiser un médicament, ses effets indésirables sont pour la plupart déjà identifiés au stade de phase des essais cliniques. Cependant, et malgré toutes les précautions prises lors de ces études, tous les effets indésirables d’un médicament ne peuvent pas toujours être détectés. Cela est dû au fait que les études cliniques sont souvent réalisées sur un groupe de personnes restreint, qui ne représente pas toute la population (âge, caractéristiques médicales).
C’est pourquoi il y a systématiquement un plan de gestion de risques ainsi que des actions de pharmacovigilance qui sont mises en place lors de la commercialisation d’un médicament. Ces circuits de pharmacovigilance, qui sont encadrés par les Centre Régionaux de pharmacovigilance (CRPVs), et par L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), permettent de détecter les signalements d’effets indésirables qui n’auraient pas été identifiés auparavant lors des phases d’études cliniques. Cette identification passe par l’analyse de données issues des déclarations faites par les professionnels de santé ainsi que les particuliers, sur le portail de signalement signalement.social-sante.gouv.fr.
Cette analyse des déclarations permet de pouvoir prendre, si nécessaire, des mesures assurant la sécurité des patients, telles que la modification de la notice d’utilisation, l’ajout de restrictions d'utilisation, ou plus rarement, le retrait du médicament. Les circuits de pharmacovigilance impliquent donc un recueil important de données qui doivent être triées et traitées rapidement.
Medication Shield, une technologie qui facilite la gestion des déclarations des effets indésirables
Le Medication Shield est né de l’ambition de répondre à une question simple : les nouvelles technologies de data science peuvent-elles aider les systèmes de pharmacovigilance dans ce recueil et cette analyse de données ? Pour répondre à cette question, notre directeur médical Dr. Louis Létinier a travaillé en collaboration avec l’ANSM et le réseau des CRPVs sur le développement d’un outil permettant de faciliter le traitement et l’analyse de ces données. Cet outil, baptisé “Medication Shield” de par son rôle de bouclier collectif, analyse en temps réel les déclarations d’effets indésirables afin de permettre aux pharmacovigilants de prioriser la gestion de ces derniers, et de concentrer leurs efforts sur les cas les plus préoccupants. Il s’agit de pouvoir être réactif dans le cas d’une situation inattendue suite à la mise sur le marché d’un médicament.
Ça marche comment concrètement ?
Cette technologie est basée sur le fonctionnement d’algorithmes qui analysent les données obtenues via le portail de signalement d’effets indésirables (www.signalement.social-sante.gouv.fr). Elle effectue un premier tri de ces dernières, les code selon une classification internationale (basée sur le Dictionnaire Médical pour les Activités Réglementées, MedDRA), et les filtre par gravité. Les informations obtenues sont transmises aux CRPVs qui peuvent alors effectuer une lecture plus rapide et facilitée de l’ensemble des données liées aux signalements d’effets indésirables.
C’est un module qui intervient après le signalement sur le portail de signalement et avant le traitement par le CRPVs, afin de fluidifier la chaîne d’analyse et permettre aux pharmacovigilants de concentrer leurs efforts sur les cas les plus complexes.
L’outil est en cours de déploiement au sein de tous les CRPVs de France, afin de faciliter la gestion des déclarations d’effets indésirables au niveau national. Les algorithmes de cette technologie ont déjà été évalués dans le cadre d’une étude en cours de publication, en collaboration avec les CRPVs et l’ANSM.
Un projet issu de la rencontre inédite entre pharmacologues et experts en machine learning
Un des aspects les plus innovants de cette technologie, qui représente d’ailleurs le fondement même de la création de Synapse Medicine, se situe dans la rencontre d’un grand nombre d’expertises différentes au même endroit. Cette technologie requiert en effet une expertise en machine learning, mais aussi une compréhension fine des données de pharmacologie. Il s’agit d’expertises qui n’ont en effet pas pour habitude de se rencontrer sur un même projet !
Quel rôle joue le grand public dans le bon déroulement d’un circuit de pharmacovigilance ?
Chaque individu peut contribuer au bon déroulement des circuits de pharmacovigilance en signalant sur le portail de signalements s'il est sujet à des effets indésirables inquiétants, qui n’auraient pas été déjà évoqués par un médecin. Il ne faut pas hésiter à participer à cette action de prévention en déclarant des symptômes inquiétants, car cela permet justement, à terme, une protection au niveau collectif !